La yaute (Haute-Savoie), comme toutes les régions a son propre vocabulaire et son lot d’expressions, tirés de son histoire, avec notamment ses voisins suisses et italiens, ou de son patois. Voilà un petit lexique pour vous permettre une insertion rapide.
A propos du ‘y’, il se met un peu partout et à toutes les sauces chez nous, « j’y sais bien, on n’y a fait ». Quant au ‘z’ en fin de mot, il ne se prononce pas. Et non, ça ne s’invente pas le savoyard !
> Mais de qui parle-t-on ?
Un pique-meuron
Comprenez un habitant du canton de Genève, qui passant la frontière, vient profiter des prix attractifs de la France voisine. Si autrefois, cela concernait essentiellement la cueillette en forêt ou en montagne, comme les champignons et les myrtilles, aujourd’hui le terme s’est élargi et modernisé.
Rassurez-vous, eux aussi disposent de petits noms à notre égard comme les Frouzes. Moins connus et moins employés de nos jours, les Genevois nous appelaient aussi les Shadocks, en référence à la série télévisée.
Et oui, encore une histoire de clans et de clochers ! 🙂
Le dahu
Animal imaginaire ressemblant au chamois, affublé de deux pattes plus courtes d’un côté pour se déplacer dans les dévers, que l’on chasse à la nuit tombée, surtout après un repas arrosé. Cette légende est un canular raconté par les montagnards aux personnes naïvement urbaines «les monchus » et aux enfants.
Un monchu
En patois, il signifie Monsieur. C’est ainsi que nos ancêtres appelaient les citadins, les riches parisiens et les aristocrates anglais en quête d’air pur et de sensations fortes, qui furent les premiers touristes à l’origine du développement des stations savoyardes. Pour en savoir plus sur l’histoire de nos stations, notamment de renom, cliquez ici. Cette expression perdure de nos jours pour parler des touristes.
Un niolu
Un niolu est un béta. Ne fais pas ton niolu se traduit par ne fais pas ton idiot.
> Le lexique du ski et de la neige
Envoyer du gros
Sur les planches, envoyer du gros s’emploie pour évoquer une journée très sportive et intensive. En générale, on s’abade tôt (sortir de son lit).
Filer dret dans l’pentu
Descendre tout droit dans la pente. Pour cela, vaut mieux être casqué. Même pas peur !
La chalée
C’est une trace dans la neige. Suivant le contexte, aller faire une chalée peut vouloir signifier déneiger le chemin.
Une neige traffolée
De la bonne neige fraîche du type poudreuse dans laquelle malheureusement il y a déjà trop de traces, de chalées.
Skier dans le bakin ou dans la gnolle
Traduisez skier dans le brouillard
> Le vocabulaire Meuh !
La poya, la désalpe ou le démontagnage
En franco-provençal, la poya signifie la montée. En suisse ainsi que pour certaines provinces savoyardes voisines, elle correspond à la transhumance des vaches en montagne l’été.
Lors de cette montée, ou de la descente, communément appelée désalpe ou démontagnage, l’armailli (le vacher) porte son bredzon (ensemble vestimentaire composé d’une veste à manches courtes et bouffantes brodée et d’une sorte de pantacourt) et les vaches sont magnifiquement fleuries.
Elle donne lieu à une peinture du même nom sur une planche de bois que l’on retrouve sur les devantures des chalets. Aujourd’hui, elle décore l’intérieur de notre maison en tableau ou sur les meubles montagnards.
Les clarines et les sonnailles
La fonction première les cloches étaient de pouvoir repérer les troupeaux qui pâturaient en liberté et d’identifier les troupeaux par propriétaires.
Elles pourraient même avoir un effet dissuasif sur les prédateurs.
Les cloches sont façonnées pour émettre des sons bien distincts, le métal et la lanière en cuir peuvent être décorés. En effet, lors de la transhumance, les clarines, plus travaillées et grosses que les sonnailles, servent d’objet de parade. La reine des vaches porte la plus grosse et la plus jolie des clarines.
> les boissons typiques, leurs récipients et usages
La grolle
Rien de mieux qu’un peu d’eau de vie dans le café pour se réchauffer quand on est plusieurs bergers à garder les moutons dans le froid des Alpes. Et s’ils n’avaient pas de récipient pour boire, alors les sabots de bois de l’époque faisaient bien l’affaire. De nos jours, la grolle est toujours faite en bois, sculptée, avec plusieurs orifices, on l’a fait tourner, chacun buvant par l’un des orifices en bouchant de ses doigts les suivants.
Le Bourru
Vins nouveau lié aux vendanges dont les savoyards sont friands. Sa période de production et de consommation est courte, 4 à 6 semaines. C’est un moût en cours de fermentation qui ne dure que quelques jours une fois mis en bouteille.
Mouiller la meule
Entendez boire plus que de raison, synonyme de taper dans la gourde. Il a mouillé la meule et il s’est pris une avoinée par sa femme en rentrant (pas besoin de traduire avoinée 🙂 n’est-ce pas)
Evidemment la liste n’est pas exhaustive, mais vous disposez dorénavant de notions suffisantes pour passer vos vacances en montagne et aux sports d’hiver.
Arvi pa (au revoir)